Crédit photos : Éloi Stichelbaut - Use It Again.
L’économie circulaire est un concept peu familier des Français, vous pouvez nous le définir ?
L’économie circulaire se base sur la règle des trois R : Réduction, Réemploi, Recyclage. L’idée de base est de réduire au maximum les déchets lors des trois phases majeures de l’économie linéaire que sont, la production, la mise à l’écart et la destruction. Cette approche implique de réfléchir sur les produits que l’on consomme, sur la notion de qualité et de quantité et sur la responsabilité de l’acte d’achat en lui-même. Faut-il nécessairement changer sa voiture ? Même si la nouvelle consomme moins ou est électrique, la voiture que l’on a existe. Elle ne demande pas d’extraire de ressources supplémentaires pour la construire. C’est aussi réfléchir non pas seulement aux déchets que l’on produit, mais à tous ceux que l’on implique à travers notre façon de vivre.
Au début des années 2000 vous avez été skipper professionnel et coéquipier de grands noms de la voile comme Ellen MacArthur, que retire-t-on d’une telle expérience ?
C’est vrai qu’elle est une figure charismatique. Les skippers de compétition ont une manière très spécifique de gérer leur bateau, leur équipage, de comprendre leur environnement, de réfléchir vite et d’agir en conséquence. On apprend beaucoup à leur côté, autant de leur talent pour naviguer que de leur force de caractère et leur leadership face aux défis.
Platon a écrit « Il y a trois sortes d’hommes : les vivants, les morts et ceux qui vont en mer » y a-t-il une vérité dans cette phrase ?
C’est un peu exagéré ! Mais il y a quelque chose de particulier à ce milieu. Je suis fortement impliqué dans la voile depuis 1995. En 2001, j’ai découvert la navigation de course grâce à la Solitaire du Figaro. J’ai eu la chance de participer aussi à la Route du Rhum 2018 sur le trimaran « Remade-Use it again ». Le solitaire c’est un type de course très particulier, on y vit une expérience extrême ! C’est la cadre d’une responsabilité individuelle totale, on ne peut compter que sur soi, on sait que les secours ne seront pas là immédiatement. On se retrouve au contrôle d’une machine puissante, seul face à soi-même et aux éléments. Ce sont des sensations intenses. Le côté solitaire interpelle beaucoup les gens, mais j’apprécie de me retrouver seul, c’est une occasion rare dans notre société qui nous monopolise en permanence.
Vous avez créé votre entreprise 6 ans après vos études, quel a été votre moteur pour vous lancer dans l’entrepreneuriat ?
Je suis présent comme je le disais, dans la voile professionnelle depuis 1995 ce qui m’a permis de développer un réseau conséquent dans ce milieu, cela m’a aussi permis de comprendre les enjeux du secteur. J’ai intériorisé les codes de la voile, surtout ses valeurs qui sont fortes : le dépassement de soi, le respect de l’environnement, c’est un sport à part ! Grâce à cette expérience, j’ai compris que je pouvais me positionner à l’interface des skipper et des entreprises. Je les guide donc dans leur communication et éventuellement leur sponsoring : type de course, de bateau ou de skipper, en fonction des critères de communication internes et externes et de l’image qu’elles cherchent à obtenir. La voile est un vecteur d’image particulier, une noblesse lui est attachée avec des aspérités selon la nature de la course : en équipage, en solitaire, au long cours, en régate… Elles inspirent toutes des messages différents et donc des approches variées et flexibles pour les entreprises.
Vous êtes depuis longtemps un défenseur de l’économie circulaire, comment vous est venue cette prise de conscience écologique et comment l’avez-vous intégrée dans votre vie personnelle et professionnelle ?
J’ai eu beaucoup l’occasion de voyager et de naviguer et j’ai été exposé à l’accumulation des déchets et de la pollution qui résulte de notre façon de vivre, c’est frappant surtout en mer. En ce moment, on parle beaucoup du plastique et c’est bien, mais il y a d’autres types de pollutions qui sont plus discrètes, mais tout aussi nocives pour notre environnement qui sont moins connues par le grand public. Cette prise de conscience est montée en moi progressivement, plus encore depuis que j’ai deux enfants ! Forcément, l’inquiétude grandit avec eux quant à l’avenir que nous leur laissons…
Quand on y réfléchit, on se demande si c’est raisonnable d’avoir 14 chemises dans son armoire quand il y a 7 jours dans une semaine et une machine à laver, ou bien 25 paires de chaussures. Aujourd’hui, on utilise dans ma famille un type de savon et de shampoing naturel en dur, sans emballage plastique, des brosses à dents en bambou etc... Ce sont pour finir des petits changements qui s’ils sont reproduits par 60 millions de personnes changent les choses.
Comment avez-vous alors adapté ces principes dans le milieu de la voile ?
On a voulu mettre en application ce principe dans le domaine de la voile, beaucoup de bateaux sont construits pour un but et sont après laissés à l’abandon quel dommage ! Donc en 2016 avec ma femme, nous avons acquis l’ancien trimaran d’Ellen MacArthur utilisé pour son record du tour du monde. C’est un bateau qui a été construit au début des années 2000, nous voulions prouver que non seulement il était encore capable de naviguer, mais surtout qu’il pouvait toujours être performant. Une remise à niveau a toutefois été nécessaire, mais sans l’idée d’une remise à neuf, pour des questions financières, mais surtout en regard de l’objectif poursuivi à savoir la sobriété énergétique. J’ai donc récupéré le plus de matériel possible stocké à droite et à gauche jusqu’à la plupart des voiles du bateau sauf bien entendu, quand il n’existait pas d’alternative au neuf.
Vous plaidez pour un engagement citoyen et pour changer les mentalités face à la société qui nous pousse à une consommation irraisonnée, comment peut-on arriver à un réveil collectif ?
En arrivant à Paris cet après-midi, j’ai vu au moins 5 personnes jeter leur mégot par la fenêtre de leur voiture ! Il y a un problème dans notre société c’est celui de la responsabilité. Le manque de compréhension de l’impact personnel sur environnement est flagrant. Il est difficile de lutter contre les facilités individuelles que notre société procure, mais il faut se rendre compte que nos actions ont des conséquences pour l’ensemble de la planète.
Je dis responsabilité, car il est facile de désigner un coupable comme les industriels ou les politiques. Je ne dis pas qu’ils sont innocents, mais chaque citoyen est aussi un acteur fondamental sur le marché. Le consommateur doit être conscient de son pouvoir pour initier un changement radical.
Je compte promouvoir le concept d’économie circulaire un peu partout dans le monde grâce à notre bateau qui servira de point d’intérêt et sera accompagné à chaque escale par des initiatives locales d’économie circulaire. Le but est de sensibiliser les populations à ces notions et peut être d’accompagner des changements de façon de vivre. Je voudrais aussi m’adresser aux industriels et aux scientifiques en proposant le bateau comme une plateforme de recherche et d’étude pour réaliser des mesures, mais aussi tester des technologies innovantes et respectueuses. Il faut parler à l’ensemble des acteurs, car ces enjeux nous concernent tous. Tout cela est l’objet de notre campagne USE IT AGAIN ! qui se poursuit les prochaines années et à laquelle j’invite les sociétés à nous rejoindre. Nous avons créé un fonds de dotation à cet effet, qui permet de recevoir du mécénat, et tous les types d’investissement sont possibles.
L’économie circulaire se base sur la règle des trois R : Réduction, Réemploi, Recyclage. L’idée de base est de réduire au maximum les déchets lors des trois phases majeures de l’économie linéaire que sont, la production, la mise à l’écart et la destruction. Cette approche implique de réfléchir sur les produits que l’on consomme, sur la notion de qualité et de quantité et sur la responsabilité de l’acte d’achat en lui-même. Faut-il nécessairement changer sa voiture ? Même si la nouvelle consomme moins ou est électrique, la voiture que l’on a existe. Elle ne demande pas d’extraire de ressources supplémentaires pour la construire. C’est aussi réfléchir non pas seulement aux déchets que l’on produit, mais à tous ceux que l’on implique à travers notre façon de vivre.
Au début des années 2000 vous avez été skipper professionnel et coéquipier de grands noms de la voile comme Ellen MacArthur, que retire-t-on d’une telle expérience ?
C’est vrai qu’elle est une figure charismatique. Les skippers de compétition ont une manière très spécifique de gérer leur bateau, leur équipage, de comprendre leur environnement, de réfléchir vite et d’agir en conséquence. On apprend beaucoup à leur côté, autant de leur talent pour naviguer que de leur force de caractère et leur leadership face aux défis.
Platon a écrit « Il y a trois sortes d’hommes : les vivants, les morts et ceux qui vont en mer » y a-t-il une vérité dans cette phrase ?
C’est un peu exagéré ! Mais il y a quelque chose de particulier à ce milieu. Je suis fortement impliqué dans la voile depuis 1995. En 2001, j’ai découvert la navigation de course grâce à la Solitaire du Figaro. J’ai eu la chance de participer aussi à la Route du Rhum 2018 sur le trimaran « Remade-Use it again ». Le solitaire c’est un type de course très particulier, on y vit une expérience extrême ! C’est la cadre d’une responsabilité individuelle totale, on ne peut compter que sur soi, on sait que les secours ne seront pas là immédiatement. On se retrouve au contrôle d’une machine puissante, seul face à soi-même et aux éléments. Ce sont des sensations intenses. Le côté solitaire interpelle beaucoup les gens, mais j’apprécie de me retrouver seul, c’est une occasion rare dans notre société qui nous monopolise en permanence.
Vous avez créé votre entreprise 6 ans après vos études, quel a été votre moteur pour vous lancer dans l’entrepreneuriat ?
Je suis présent comme je le disais, dans la voile professionnelle depuis 1995 ce qui m’a permis de développer un réseau conséquent dans ce milieu, cela m’a aussi permis de comprendre les enjeux du secteur. J’ai intériorisé les codes de la voile, surtout ses valeurs qui sont fortes : le dépassement de soi, le respect de l’environnement, c’est un sport à part ! Grâce à cette expérience, j’ai compris que je pouvais me positionner à l’interface des skipper et des entreprises. Je les guide donc dans leur communication et éventuellement leur sponsoring : type de course, de bateau ou de skipper, en fonction des critères de communication internes et externes et de l’image qu’elles cherchent à obtenir. La voile est un vecteur d’image particulier, une noblesse lui est attachée avec des aspérités selon la nature de la course : en équipage, en solitaire, au long cours, en régate… Elles inspirent toutes des messages différents et donc des approches variées et flexibles pour les entreprises.
Vous êtes depuis longtemps un défenseur de l’économie circulaire, comment vous est venue cette prise de conscience écologique et comment l’avez-vous intégrée dans votre vie personnelle et professionnelle ?
J’ai eu beaucoup l’occasion de voyager et de naviguer et j’ai été exposé à l’accumulation des déchets et de la pollution qui résulte de notre façon de vivre, c’est frappant surtout en mer. En ce moment, on parle beaucoup du plastique et c’est bien, mais il y a d’autres types de pollutions qui sont plus discrètes, mais tout aussi nocives pour notre environnement qui sont moins connues par le grand public. Cette prise de conscience est montée en moi progressivement, plus encore depuis que j’ai deux enfants ! Forcément, l’inquiétude grandit avec eux quant à l’avenir que nous leur laissons…
Quand on y réfléchit, on se demande si c’est raisonnable d’avoir 14 chemises dans son armoire quand il y a 7 jours dans une semaine et une machine à laver, ou bien 25 paires de chaussures. Aujourd’hui, on utilise dans ma famille un type de savon et de shampoing naturel en dur, sans emballage plastique, des brosses à dents en bambou etc... Ce sont pour finir des petits changements qui s’ils sont reproduits par 60 millions de personnes changent les choses.
Comment avez-vous alors adapté ces principes dans le milieu de la voile ?
On a voulu mettre en application ce principe dans le domaine de la voile, beaucoup de bateaux sont construits pour un but et sont après laissés à l’abandon quel dommage ! Donc en 2016 avec ma femme, nous avons acquis l’ancien trimaran d’Ellen MacArthur utilisé pour son record du tour du monde. C’est un bateau qui a été construit au début des années 2000, nous voulions prouver que non seulement il était encore capable de naviguer, mais surtout qu’il pouvait toujours être performant. Une remise à niveau a toutefois été nécessaire, mais sans l’idée d’une remise à neuf, pour des questions financières, mais surtout en regard de l’objectif poursuivi à savoir la sobriété énergétique. J’ai donc récupéré le plus de matériel possible stocké à droite et à gauche jusqu’à la plupart des voiles du bateau sauf bien entendu, quand il n’existait pas d’alternative au neuf.
Vous plaidez pour un engagement citoyen et pour changer les mentalités face à la société qui nous pousse à une consommation irraisonnée, comment peut-on arriver à un réveil collectif ?
En arrivant à Paris cet après-midi, j’ai vu au moins 5 personnes jeter leur mégot par la fenêtre de leur voiture ! Il y a un problème dans notre société c’est celui de la responsabilité. Le manque de compréhension de l’impact personnel sur environnement est flagrant. Il est difficile de lutter contre les facilités individuelles que notre société procure, mais il faut se rendre compte que nos actions ont des conséquences pour l’ensemble de la planète.
Je dis responsabilité, car il est facile de désigner un coupable comme les industriels ou les politiques. Je ne dis pas qu’ils sont innocents, mais chaque citoyen est aussi un acteur fondamental sur le marché. Le consommateur doit être conscient de son pouvoir pour initier un changement radical.
Je compte promouvoir le concept d’économie circulaire un peu partout dans le monde grâce à notre bateau qui servira de point d’intérêt et sera accompagné à chaque escale par des initiatives locales d’économie circulaire. Le but est de sensibiliser les populations à ces notions et peut être d’accompagner des changements de façon de vivre. Je voudrais aussi m’adresser aux industriels et aux scientifiques en proposant le bateau comme une plateforme de recherche et d’étude pour réaliser des mesures, mais aussi tester des technologies innovantes et respectueuses. Il faut parler à l’ensemble des acteurs, car ces enjeux nous concernent tous. Tout cela est l’objet de notre campagne USE IT AGAIN ! qui se poursuit les prochaines années et à laquelle j’invite les sociétés à nous rejoindre. Nous avons créé un fonds de dotation à cet effet, qui permet de recevoir du mécénat, et tous les types d’investissement sont possibles.